Il s’appelait Ugo – Partie 1/2

Il s’appelait Ugo

C’était un Dogue de Bordeaux de 9 mois.

Et c’est le premier chien que j’ai rééduqué. J’avais 13 ans.

Comment une gamine est amenée à aider un molosse d’une quarantaine de kilos ?

Je vous raconte notre histoire.

Attention ! La fin n’est pas en mode « happy end » mais n’est pas tragique style « le vétérinaire lui injecta le produit et Ugo ferma ses yeux pour toujours » non plus.

La rencontre.

Le téléphone de ma mère sonne. Elle décroche.

Au bout du fil, sa meilleure amie qui lui annonce une « grande nouvelle ».

Elle a récupéré un « chien flippant » d’une collègue qui avait fait la bêtise d’acheter un deuxième gros toutou sans penser au budget nourriture ni au fait que deux molosses dans un appartement peut être compliqué.

Bref.

« Lindsay, tu veux venir voir le nouveau chien ? Apparemment, il est flippant. »

Mes chaussures étaient déjà lacées à mes pieds.

Douze minutes plus tard, nous voici devant la porte de l’amie de maman. On sonne. Le téléphone de maman retentit.

« Rentre comme ça, il ne me laisse pas vous ouvrir »

Un gros aboiement retentit. Je fonce, ma mère agrippée à mon bras.

« Ne vous inquiétez pas, Ugo est gentil »

Heu… OK…

Un énorme toutou roux court vers nous. Ses babines s’agitent dans tous les sens. Quelques éclaboussures de bave soulignent son passage.

« Hey salut ! Moi, c’est Lindsay, t’es un chouette toutou »

J’étais aux anges, ce molosse haut sur pattes pour un représentant de sa race laissé apparaitre ses côtes. Il faut le remplumer un peu. Mais je n’avais aucun sentiment de pitié à son égard, juste un coup de foudre.

Ugo est magnifique.

Un gros chien ! Je rêve d’un gros toutou à cajoler même si j’adore ma petite croisée cocker, Prunelle.

Mais un molosse quoi !

Ma mère et son amie me somment d’être prudente « c’est un chien, on ne connait pas ses réactions »

Moi, je m’en moque, je demande à aller dans le jardin pour jouer. Il est vraiment gentil, il court après la balle et me la ramène à mes pieds ou dans mes mains, me laissant un peu (beaucoup) de salive au passage.

Ugo est gentil.

Après la séance de jeux, je rentre boire un verre de grenadine. Ugo boit les trois quart de sa gamelle. Il revient vers moi, pose ses babines sur mon jean bleu pétrole. Mon pantalon est trempé.

Les deux adultes parlent de tout et de rien, enfin, surtout du chien. Des kilos de nourriture qu’il va engloutir, la taille de ses crottes et la capacité de l’amie de ma mère d’un mètre cinquante huit à promener un chien de cette taille.

Assise à même le sol, je masse Ugo

« Lindsay, fais attention, tu ne le connais pas »

Mais je ne suis plus là, je laisse balader mes doigts dans sa fourrure et sens ses muscles se détendre.Je suis hypnotisée par le liquide couler de ses babines. Il bave quand même beaucoup ce chien.

Il est l’heure de partir, l’amie de ma mère n’est pas rassurée à l’idée de rester seule avec lui. Je tente de l’apaiser : « s’il est gentil avec une ado d’un mètre soixante huit, il sera gentil avec une adulte plus petite »

Oui, je suis nulle pour rassurer.

Première sortie.

La journée est méga longue, je suis au collège et je sais qu’à 16h50, je serais devant chez Ugo. Le temps se joue de moi « comme ça tu ne veux pas savourer ta journée de maths, français, allemand, technologie et sport ? Je vais tout faire pour ralentir la cadence de mes aiguilles dans ce cas »

Fichu temps.

Comme prévu, à 16h44 – vive la marche rapide – je suis devant chez Ugo.

Je peux aller le promener s’il te plait ?

L’amie de ma mère me tend la laisse, le brave toutou bondit de joie.

Ugo est puissant.

Je passe la porte, le dogue de Bordeaux légèrement derrière moi dans ce couloir étroit.

Il stoppe net.

« Viens mon grand »

Le beau molosse se recroqueville sur lui-même, espérant au fond de lui de devenir un chihuahua.

Une voiture passe, il bondit contre le mur.

S’il s’enfuit, je n’ai aucun moyen de le retenir.

Je décide de le motiver à me suivre, une main posée sur sa tête. Il se détend, il doit se souvenir du massage d’hier.

Je décide de le sortir uniquement dans le lotissement où les voitures sont rares, pour notre sécurité.

Nous rentrons en un seul morceau.

Quand la confiance ne fait pas tout.

Quelques jours se passent et Ugo marche à la perfection dans la petite ville.

Il me suit partout et quand il se crispe, je l’invite à s’assoir et le masse au niveau de la nuque à gauche, il adore ça.

Je parle de lui à tout le monde, même au centre équestre où je passe beaucoup de temps avec ma chienne (que je n’oublie pas).

Confiante, je décide de présenter Ugo aux chevaux que j’aime tant.

Nous franchissons la grande entrée et je le dirige vers l’écurie des poneys Shetland. Ugo est plus grand que la plupart de ces « poneys pour enfants » et pourtant… Il est tétanisé. 

Il refuse de s’assoir. Je tente de dédramatiser la situation en lui expliquant qu’il est un prédateur et qu’un poney est une proie, qu’il a donc l’avantage (oui, mon humour à deux balles ne datent pas d’hier).

Dès qu’il se détend un tout petit peu, je sors et avance vers les boxs extérieurs des chevaux. Certes plus grands mais également plus loin. Idéal pour les observer.

Et là, ma monitrice arrive vers moi, pleins de filets (harnais que l’on met sur la tête d’un cheval) sur les épaules. Les mors cliquetaient entre eux.

Pour Ugo, s’en était trop, il s’est enfuit, moi au bout de la laisse. J’ai fait un style de ski en basket sur 8-10 mètres. Je ne l’ai pas lâché, c’était le principal à mes yeux.

Je retente le chemin vers les boxs, Ugo a les yeux qui roulent de panique mais me suit, un pas après l’autre. Ma monitrice est « cachée » dans la sellerie. Tout va bien.

Cinq pas plus tard, je lui propose de rentrer à la maison. Calmement.

Une relation rêvée.

Les semaines passent, Ugo est « mon deuxième chien« .

Sa propriétaire est ravie que je le sorte car elle n’arrive pas à le maitriser – c’est vrai que les premiers mètres, il saute à côté de moi (et dépasse mon épaule), il est impressionnant mais absolument pas méchant.

Avec du temps et de la patience, il s’approche des chevaux mais aussi des hommes dont il avait une peur bleue.

Je peux même le lâcher afin qu’il puisse courir au parc avec des copains chiens.

Je passe mon temps à lire des livres sur les chiens et comment les éduquer. Je teste les conseils qui fonctionnent bien sur Ugo.

Malgré sa peur, c’est un chien assez équilibré qui adore les massages. Et moi.

Et là, c’est le drame.

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